Habitat solidaire
Qu’est-ce que c’est ?
L’Habitat solidaire est un logement sous-tendu par un projet de vie solidaire, en d’autres mots, il s’agit d’un lieu de vie où plusieurs ménages habitent et évoluent autour d’un même projet rattaché aux valeurs de mixité, de participation et de solidarité.
Ce projet peut être initié ou non par une institution. Dans tous les cas, il doit être organisé dans un engagement écrit qui peut prendre différentes formes : une convention, un règlement d’ordre intérieur ou un autre instrument de ce type.
Cet habitat solidaire rassemble plusieurs ménages dont au moins un se trouve dans une situation de précarité financière (et satisfait aux conditions de revenus telles que fixées dans le Code du logement Bruxelles, juillet 2003). Les ménages disposent chacun d’un ou de plusieurs espaces privatifs de jouissance exclusive et d’au moins un espace de vie commun.
Attention, il ne faut pas confondre l’habitat solidaire avec les maisons d’accueil, les maisons de vie communautaire, les abris de nuit, les maisons d’hébergement de type familial et tout autre logement collectif réglé par une législation particulière.
Source : Définition du Code du logement Bruxelles, juillet 2003 Article 2, Paragraphe 1er, 25°
Une innovation sociale ?
Outre les avantages financiers que ce projet amène, le seul fait d’habiter avec plusieurs autres personnes peut constituer pour les personnes précarisées un puissant levier de réintégration sociale.
Et concrètement, dans l’APL À Toi Mon Toit…
Le service « A Toi Mon Toit » de l’ASBL Compagnons agréé comme Association de Promotion du Logement (APL) met en place des projets d’habitats groupés solidaires et intergénérationnels.
Les projets s’adressent exclusivement à des personnes qui disposent de revenus précaires ou modestes et qui souhaitent connaître leurs voisins, se rendre des services, passer du temps ensemble, partager certains espaces… Bref, recréer de la cohésion sociale.
Dans ses différents projets, le service est particulièrement (mais pas exclusivement) attentif à l’inclusion des personnes en situation de handicap, des aînés, des jeunes et des familles monoparentales.
Les principaux objectifs
- la création et le maintien d’un relais de biodiversité en ville
- la mise à disposition d’un espace de rencontre où les liens sociaux sont encouragés
- l’aménagement et l’animation de cet espace en tenant compte des envies et besoins de l’ensemble des habitants du quartier
Trois dimensions constantes
- Certains espaces sont privatifs (l’ensemble du logement dans l’habitat « groupé »… et à minima la chambre dans les habitats « communautaires » ; d’autres sont partagés entre voisins (une buanderie, un jardin…)
- Les habitants souhaitent s’inscrire dans un projet où les valeurs de solidarité, de mixité, de participation et d’ouverture ne sont pas remis en cause.
- L’habitat s’intègre dans un quartier (via des activités ponctuelles et/ou récurrentes)
Dans chaque projet, si chaque ménage occupe son propre logement comme il le souhaite, il participe aussi activement à la vie de l’habitat et aux décisions qui concernent le groupe. Cette participation se traduit par des chantiers de travaux, d’aménagement et d’entretien, la cogestion des espaces partagés (jardin, buanderie, …) l’organisation d’évènements divers…. Le projet est autogéré par les habitants qui bénéficient toutefois d’un accompagnement social fourni par l’APL « À toi mon toit » tout au long du projet. Par exemple, en créant avec les habitants des « outils » pour bien vivre ensemble (règlement d’ordre intérieur, charte), en organisant des temps de réunions et d’échanges.
L’ancien couvent des Ursulines à Mons
L’un de ces projets est habité par 8 personnes seules au sein de l’ancien couvent des Ursulines, à Mons. L’ensemble architectural appartient au Fonds du Logement des Familles Nombreuses de Wallonie et comprend notamment un appartement adapté à une personne à mobilité réduite ainsi qu’un logement communautaire intergénérationnel pour 3 personnes.
Une mixité de fonctions dans le centre d’Ath
Un autre projet situé dans le centre d’Ath comprend 6 logements soit deux logements d’une chambre (dont un adapté à une personne ou un couple à mobilité réduite), trois logements de deux chambres (dont un réservé à une famille de réfugiés) et un logement de quatre chambres ainsi que les bureaux des deux services de l’ASBL. La présence de logements et de bureaux au sein d’un même bâtiment apporte également une mixité de fonctions dans le projet. L’ensemble dispose d’un vaste jardin partagé ouvert au quartier.
Un habitat groupé intergénérationnel à Chièvres
A Chièvres, il s’agit d’un habitat groupé intergénérationnel avec jardin partagé ouvert au quartier créé pour 4 ménages. Le bâtiment comprend deux logements familiaux de 3 chambres (pour des familles monoparentales) et deux logements d’une chambre (dont 1 destiné 1 à une personne âgée). Un lavoir commun est à disposition. Le jardin partagé a été aménagé par des habitants (du site ou du quartier) et des associations locales. La gestion et l’entretien du jardin sont assurés par les habitants et des citoyens impliqués dans le projet.
De nouveaux projets sont également en développement à Ath :
- un habitat communautaire mixte pour jeunes en transition et personnes en situation de handicap
- un habitat intergénérationnel de type « kangourou » pour 6 ménages : 3 familles et 3 personnes isolées (âgées ou en situation de handicap)
Témoignages d’habitants
« Entre voisins, il y a une vraie solidarité. Dans le logement, il y a toujours quelqu’un pour vous aider à écrire une lettre, il y a toujours quelqu’un pour bricoler si vous avez un problème. Ça se passe très bien. Et je ne voudrais pas autre chose », sourit Christiane, laquelle a noué des liens particuliers avec une autre Christiane qui habite au dernier étage. « Nous cuisinons ensemble. Nous faisons parfois des balades ou des sorties ».
Au premier, Michel a intégré l’appartement communautaire destiné aux seniors il y a un peu plus d’un an. Il occupe une des trois chambres individuelles aménagées autour d’un espace commun composé d’une cuisine et d’une salle à manger. « J’avais une trop petite retraite pour payer un loyer sur le marché de l’immobilier », précise-t-il. « Ici je me sens bien. Je suis quelqu’un qui aime bien le contact. Et cette maison de l’APL permet vraiment de briser la solitude. »